La question de nos choix de vie, de notre marge de manœuvre, je laisse à chacun le soin d’y répondre

Pour son 13e roman, Denis Brillet nous a concocté un nouveau personnage : Thomas. Un enfant sympathique et brillant, qui devient un adulte auquel tout réussit, jusqu’à ce que la fatalité s’en mêle…
Encore un très beau roman de notre auteur. Particulièrement accessible de par sa fluidité parfaite, mais particulièrement marquant aussi, de par l’implacable issue de la trajectoire que prendre Thomas.
Interview.
Comment est née l’idée de ce roman ?
Comme souvent, à partir d’une image que j’avais en tête, celle d’un hameau isolé au cœur de la campagne française, parfaitement imaginaire mais très précis dans mon esprit sur le plan géographique. Les personnages sont arrivés dans la foulée, de manière naturelle pour habiter ce hameau.
Vouliez-vous dépeindre davantage une trajectoire ou une époque ?
Une trajectoire, oui, celle de mon héros né un an avant la fin de la guerre d’Algérie, laquelle n’est pas sans importance dans le roman. Une époque aussi, dans la mesure où j’évoque certains faits, certains évènements historiques tels que Mai 68, la marche des Beurs, l’attentat du métro Saint-Michel de 1995, etc, qui jalonnent le cours du roman.
Pourquoi cette région ?
Bonne question. Je connais peu la Champagne, mais il y a au début l’allusion à la vigne, de sorte que la localisation s’est faite dans ce bout de campagne tout naturellement. J’aurais pu choisir une autre région viticole, que je connais bien par exemple, mais il se trouve que lorsque j’écris ‒ c’est vrai pour beaucoup de mes romans ‒, j’aime me détacher de mes références habituelles.
Pensez-vous que les lecteurs aimeront eux aussi Thomas ?
Difficile de répondre à cette question. Le Thomas que j’ai crée n’est pas forcément celui du lecteur. Il existe une alchimie secrète entre les lecteurs et les personnages. Autant de lecteurs, autant de Thomas. Plus que de l’aimer, je souhaite qu’il les intéresse.
Quel a été votre personnage secondaire préféré ?
Question qui n’est pas sans lien avec la précédente. Tous mes personnages secondaires me sont chers, même les plus antipathiques. Comme au cinéma, les seconds rôles en quelque sorte, ne sont pas moins intéressants que les personnages principaux, mais leur vie, leur personnalité sont moins fouillées. Je crois que, après Thomas, c’est le personnage d’Anne-Lise qui me séduit le plus : elle possède un tempérament tout à fait singulier qui la distingue des autres.
Sans dévoiler l’histoire aux lecteurs, avec cette fin à laquelle on ne s’attend pas, souhaitez-vous placer une morale, un angle de vue particulier ou un message ?
Ni morale, ni message, je n’ai pas cette prétention-là. Il y a, certes, la question de nos choix de vie, de notre marge de manœuvre, mais je laisse à chacun le soin d’y répondre. Cependant, puisqu’il s’agit là pour tout être humain d’une question essentielle, je terminerai par une phrase de Chateaubriand qui reflète assez bien le thème du livre : « C’est si peu nous qui faisons notre vie. »
LE ROMAN DE THOMAS LESQUEN
Thomas naît en 1961 dans une famille modeste, au sein de la campagne champenoise. Très tôt, ses excellentes dispositions alliées à un heureux caractère lui ouvrent la voie à une scolarité sans faute et à de solides amitiés. Partout, Thomas se distingue et navigue avec aisance, inconscient qu’à l’heure des choix c’est à la vie – ou au destin – que revient le dernier mot.
Denis Brillet vit en Normandie, au coeur du Pays d’Auge. Après des études d’histoire menées en parallèle à sa profession d’enseignant, il se consacre à l’écriture. Plusieurs de ses recueils et romans ont été récompensés.
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