La nouvelle, et si on en parlait ? C’est ce que nous a proposé notre auteure Béatrice Rieussec, novelliste, dont nous avons publié deux recueils.
Alors que ce genre répondrait à bien des problématiques contemporaines – temps de lecture diminué, besoin d’accessibilité, de variété et de renouvellement, pouvoir d’achat (les nouvelles sont souvent de petits livres moins onéreux) – l’édition de nouvelles reste à la marge.
Par ce rapide article, on vous invite à découvrir ou re découvir ce genre littéraire et peut-être vous mettre à lire, ou écrire des nouvelles 🙂

La nouvelle, pourquoi et comment ?
La nouvelle n’est pas du sous-roman. C’est un genre à part entière.
C’est un petit monde dont on peut faire le tour avec grand plaisir, comme si l’on se promenait dans un jardin, alors que dans le roman, il faut défricher tout un territoire inconnu.
Écrire une nouvelle est à la fois accessible et difficile.
Accessible parce qu’il n’est pas nécessaire de bâtir une intrigue complexe et de multiplier les personnages. C’est un texte court, qui nécessite, certes du travail, mais qui permet d’avoir un « objet » fini sans le même investissement que représente l’écriture d’un roman.
Le déclencheur de la nouvelle peut être simple : une rencontre, un lieu inspirant , une révélation soudaine, un fait-divers, un objet, une phrase entendue…
Mais elle est également difficile car elle nécessite un soin particulier
Chaque phrase doit être pesée. La nouvelle est un texte tricoté serré qui ne laisse pas de place aux éléments inutiles. Elle exige un sens aigu de l’économie et de la pertinence, mais elle demande aussi de savoir raconter de manière à garder l’attention des lecteurs à chaque instant.
Une bonne nouvelle doit-elle forcément s’achever sur une chute qui surprend le lecteur ?
La nouvelle à chute, est une forme parmi d’autres. Cela n’a rien d’obligatoire.
On peut parler aussi de « La nouvelle histoire » qui est finalement la plus classique:
Un narrateur raconte une histoire avec un début, un (des) événement(s) perturbateur(s), des actions en découlant, et un dénouement (ouvert ou fermé). Pour chacune de ces étapes on n’a pas besoin de suivre un ordre particulier. Le principal est d’arriver à créer l’effet recherché : suspens ou réflexion, émotion ou conviction…
Dans ce type de nouvelle, on est amené à utiliser l’ellipse car il n’est pas question de raconter la vie du protagoniste en détail et de façon chronologique.
Il y a également « la nouvelle instant ». Ce n’est plus le déroulé d’une histoire mais l’exploration par l’écriture d’un moment précis et souvent déterminant. Le temps réel de lecture est supérieur au temps « véritable » de l’action. ( cf à Vélo dans le premier recueil) Ce sont donc des sensations, des émotions, une atmosphère qui sont mis en avant.
Par ailleurs, la nouvelle est adaptable à tous les genres : réalisme, fantastique, policier, historique, satirique… Pour la science-fiction et la fantasy, la brièveté peut parfois être un obstacle, mais il n’y a pas d’objection à traiter tel ou tel genre.
Trouver un sujet : mon expérience
Je suis plus souvent motivée par des personnages que par des actions ou des histoires.
Je peux également être inspirée par un objet, comme l’opinel dans la nouvelle « Le couteau », ou par un lieu comme dans « Le souffle de l’invisible » ou « Dernier été »
Certains sujets me sont inspirés par des situations professionnelles. Je pense, dans le premier recueil à la nouvelle qui s’appelle « Déroute » ou alors à « Plus jamais ça »
Dans ce recueil, il y a « Ne le Frappez pas » et « Disparition » Lorsque je m’inspire de tels sujets, il y a une partie autobiographique, noyée dans la fiction. C’est une sorte de patchwork et mes personnages empruntent des traits à plusieurs personnages que j’ai pu croiser ou auxquels j’invente des particularités.
Lorsque le sujet a une dimension autobiographique, on n’est pas obligé d’utiliser le je, et de même, des « je » ne sont parfois pas du tout autobiographique. C’est la magie de l’écriture qui nous autorise à tirer les ficelles !
Il y a des nouvelles de pure fiction dans lesquelles j’intègre des petites vignettes d’observation ( Je pense à la nouvelle Suzanne) parce qu’on écrit toujours à partir de soi.
Je pense également à une situation dans une pièce de théâtre qui a inspiré « Maternité »
Donc, c’est très varié et assez ludique.
Malgré tout pour composer un recueil, il peut être intéressant de trouver un fil conducteur .
Conseils pour ceux qui souhaitent se lancer
De ne pas trop s’accrocher à la théorie finalement !Sauf pour ce qui est de la brièveté, de l’unité de lieu et du nombre restreint de personnages .
Il peut aussi être intéressant de lire quelques nouvelles et de décrypter la manière dont elles sont fabriquées.
Ce n’est pas l’originalité du sujet qui fait une bonne nouvelle (tout a déjà été écrit !) mais plutôt la manière dont on raconte, le point de vue singulier de l’auteur.
Il est également important de soigner l’entrée en matière pour accrocher le lecteur mais il ne faut pas tout dévoiler dès le début.
Et d’une manière générale, montrer, plutôt que raconter, ne pas craindre d’utiliser des dialogues ou des monologues intérieurs pour donner une « voix » aux personnages .
Et surtout ! rien ne vaut de pratiquer pour apprendre !
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