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Devant le seuil

Philippe Godet

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Résumé

Gérard Lacour est un poète timide et réservé. Il aime profondément sa femme Nathalie, chanteuse de jazz lumineuse et fantasque. Ils sont heureux ensemble depuis dix ans quand un cancer, diagnostiqué chez Nathalie, fait irruption dans leur vie. Le couple se retrouve devant le seuil, face à la maladie, la mort. Gérard prend la plume et déroule, hommage-poème, son histoire à elle, racontée avec ses mots à lui.

Avis presse & lecteurs

  • « L’écriture colle incroyablement au texte : quand il s’agit d’amour, de sentiments tendres, elle se fait douce, poétique, parfois lyrique ; quand il s’agit de traduire l’horreur de l’épreuve, l’âpreté de la vie, alors le style est syncopé, haché. » Avis Babelio
  • « Devant le seuil, c’est le seuil du barrage, de l’eau, de la mort , raconté d’une écriture fluide, des moments durs , de la poésie ; il est impossible de rester indifférent à ce texte. » Avis Babelio
  • « J’ai aimé avant tout la narration, cette focalisation simultanément externe et interne m’a littéralement emportée, comme une vague. Je, tu, il, elle, nous, se confondent, s’absorbent, se mêlent pour nous livrer un récit authentique. » Avis Babelio

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Extraits

En pensée, en rêve, on est capable de tout, n’est-ce pas. Y compris de disparaître volontairement. Et penser, voilà le principal rituel des jours de Gérard Lacour. Penser informel, car il n’est nullement question de philosopher. Il s’agit simplement d’entretenir le terreau des mots et des émotions. Alors, assis dans son fauteuil, armé d’une tasse de café, Gérard est en pleine action. Il pense. Il cultive. C’est cela, il cultive, le mot est juste. Même s’il pense avec moins de constance que du vivant de Natalie, il en a gardé l’habitude. Phase numéro un : préparer le terrain. Verser l’eau dans la cafetière. Disposer le filtre dans l’emplacement ad hoc. Le garnir du nombre idoine de cuillerées de café moulu. Deux cuillers par tasse constituent le bon dosage. Il s’agit de grandes tasses, en faïence de Salins, de forme un peu irrégulière. Gérard opte pour quatre cuillers, donc pour deux bonnes tasses, on est en période de labour. Phase numéro deux : semer. Cela se pratique au moyen de la grande grille de mots fléchés présente chaque semaine à la fin du programme télé. Il est fort possible que des mots dénichés au hasard de la grille lèvent des pousses de poèmes. Gérard est un homme-poème. Depuis qu’il se trouve à la retraite, il n’a quasiment plus besoin d’engrais, les mots poussent tout seuls. Phase ultime : récolter. Il suffit d’un ordinateur en état de fonctionnement, d’un clavier et d’un logiciel de traitement de texte.
Il pourrait écrire. Il est seul. Tranquille. Il s’installe devant l’ordi. Ouvre une page blanche. Place ses doigts en suspension au-dessus du clavier. Rien n’advient. Il ne peut pas. L’absence imprévue de Natalie est insupportable et annihile toute tentative de diversion. Elle n’est pas là. Peut-être me fait-elle trembler exprès. Peut-être estime-t-elle que je dois expier encore. On construit sur du sable. Il suffit d’un banal mensonge, d’une omission par maladresse, et voilà les fondations compromises. On ne devrait pas être maladroit. Gérard dégaine à nouveau son téléphone mobile. Active la rubrique des contacts. Recherche N pour Natalie. Appuie sur la touche qui permet de composer automatiquement le numéro. Porte l’appareil à son oreille gauche. La sonnerie retentit dans le vide des réseaux, sans effet. Il tente un texto supplémentaire. Mon amour. Il s’enquiert de savoir si elle a un problème, un contretemps, une urgence. Je t’aime. Bizou. Il envoie le texto. Une demi-heure plus tard, pas de réponse. Il est inquiet. Dois-je appeler la police, l’hôpital, les pompiers, le président de la République ? Je dis n’importe quoi. Mais non, tout va bien, elle est juste en retard. Sauf qu’il est 23h et quelques. Près de minuit, en fait. Et justement, ding !
La mer, le vent, le soleil, le sable. Ne pas en perdre une miette. Surtout pas. Gérard admire sa femme, qui s’empare de tout. Je veux m’imprégner. Ne rien laisser perdre. Elle jouit pleinement des instants. Du pied, elle retourne les algues échouées, regrette de ne pas avoir apporté un appareil photo. Elle se baisse et empoigne une étoile de mer, qu’elle jette aussitôt au loin en prenant un air dégoûté. C’est une astérie rétaise, plaisante Gérard, l’inconditionnel joueur de mots, devenu à ses heures amateur d’anagrammes. Pour ce coup, Lucy serait fière de lui. Plus loin, Natalie ramasse un galet qu’elle a repéré parmi les éclats d’huîtres et les algues rouges. Un caillou rond et rugueux, de la taille d’un oeuf, mais plat, idéal pour jouer aux ricochets. Elle le tend à Gérard. Garde-le toujours sur toi, ce sera ton talisman. Ainsi, dans les moments de découragement, tu penseras à moi. Il reçoit ce présent avec gravité. Il en devine la valeur. Se rend-elle compte qu’au fond de lui, il est bouleversé ? Il ne faut pas prendre pour argent comptant son apparente impassibilité. Il est bouleversé, oui. Et il refuse d’envisager l’éventualité qu’un jour elle ne soit plus là. Qu’elle devienne l’absente et qu’il doive se contenter de penser à elle. Que vaudrait une vie sans elle, sans le bonheur simple de la côtoyer ? Il voudrait l’impossible. Qu’elle continue de rire, encore et encore. Toujours.
En pensée, en rêve, on est capable de tout, n’est-ce pas. Y compris de disparaître volontairement. Et penser, voilà le principal rituel des jours de Gérard Lacour. Penser informel, car il n’est nullement question de philosopher. Il s’agit simplement d’entretenir le terreau des mots et des émotions. Alors, assis dans son fauteuil, armé d’une tasse de café, Gérard est en pleine action. Il pense. Il cultive. C’est cela, il cultive, le mot est juste. Même s’il pense avec moins de constance que du vivant de Natalie, il en a gardé l’habitude. Phase numéro un : préparer le terrain. Verser l’eau dans la cafetière. Disposer le filtre dans l’emplacement ad hoc. Le garnir du nombre idoine de cuillerées de café moulu. Deux cuillers par tasse constituent le bon dosage. Il s’agit de grandes tasses, en faïence de Salins, de forme un peu irrégulière. Gérard opte pour quatre cuillers, donc pour deux bonnes tasses, on est en période de labour. Phase numéro deux : semer. Cela se pratique au moyen de la grande grille de mots fléchés présente chaque semaine à la fin du programme télé. Il est fort possible que des mots dénichés au hasard de la grille lèvent des pousses de poèmes. Gérard est un homme-poème. Depuis qu’il se trouve à la retraite, il n’a quasiment plus besoin d’engrais, les mots poussent tout seuls. Phase ultime : récolter. Il suffit d’un ordinateur en état de fonctionnement, d’un clavier et d’un logiciel de traitement de texte.
Il pourrait écrire. Il est seul. Tranquille. Il s’installe devant l’ordi. Ouvre une page blanche. Place ses doigts en suspension au-dessus du clavier. Rien n’advient. Il ne peut pas. L’absence imprévue de Natalie est insupportable et annihile toute tentative de diversion. Elle n’est pas là. Peut-être me fait-elle trembler exprès. Peut-être estime-t-elle que je dois expier encore. On construit sur du sable. Il suffit d’un banal mensonge, d’une omission par maladresse, et voilà les fondations compromises. On ne devrait pas être maladroit. Gérard dégaine à nouveau son téléphone mobile. Active la rubrique des contacts. Recherche N pour Natalie. Appuie sur la touche qui permet de composer automatiquement le numéro. Porte l’appareil à son oreille gauche. La sonnerie retentit dans le vide des réseaux, sans effet. Il tente un texto supplémentaire. Mon amour. Il s’enquiert de savoir si elle a un problème, un contretemps, une urgence. Je t’aime. Bizou. Il envoie le texto. Une demi-heure plus tard, pas de réponse. Il est inquiet. Dois-je appeler la police, l’hôpital, les pompiers, le président de la République ? Je dis n’importe quoi. Mais non, tout va bien, elle est juste en retard. Sauf qu’il est 23h et quelques. Près de minuit, en fait. Et justement, ding !
La mer, le vent, le soleil, le sable. Ne pas en perdre une miette. Surtout pas. Gérard admire sa femme, qui s’empare de tout. Je veux m’imprégner. Ne rien laisser perdre. Elle jouit pleinement des instants. Du pied, elle retourne les algues échouées, regrette de ne pas avoir apporté un appareil photo. Elle se baisse et empoigne une étoile de mer, qu’elle jette aussitôt au loin en prenant un air dégoûté. C’est une astérie rétaise, plaisante Gérard, l’inconditionnel joueur de mots, devenu à ses heures amateur d’anagrammes. Pour ce coup, Lucy serait fière de lui. Plus loin, Natalie ramasse un galet qu’elle a repéré parmi les éclats d’huîtres et les algues rouges. Un caillou rond et rugueux, de la taille d’un oeuf, mais plat, idéal pour jouer aux ricochets. Elle le tend à Gérard. Garde-le toujours sur toi, ce sera ton talisman. Ainsi, dans les moments de découragement, tu penseras à moi. Il reçoit ce présent avec gravité. Il en devine la valeur. Se rend-elle compte qu’au fond de lui, il est bouleversé ? Il ne faut pas prendre pour argent comptant son apparente impassibilité. Il est bouleversé, oui. Et il refuse d’envisager l’éventualité qu’un jour elle ne soit plus là. Qu’elle devienne l’absente et qu’il doive se contenter de penser à elle. Que vaudrait une vie sans elle, sans le bonheur simple de la côtoyer ? Il voudrait l’impossible. Qu’elle continue de rire, encore et encore. Toujours.
En pensée, en rêve, on est capable de tout, n’est-ce pas. Y compris de disparaître volontairement. Et penser, voilà le principal rituel des jours de Gérard Lacour. Penser informel, car il n’est nullement question de philosopher. Il s’agit simplement d’entretenir le terreau des mots et des émotions. Alors, assis dans son fauteuil, armé d’une tasse de café, Gérard est en pleine action. Il pense. Il cultive. C’est cela, il cultive, le mot est juste. Même s’il pense avec moins de constance que du vivant de Natalie, il en a gardé l’habitude. Phase numéro un : préparer le terrain. Verser l’eau dans la cafetière. Disposer le filtre dans l’emplacement ad hoc. Le garnir du nombre idoine de cuillerées de café moulu. Deux cuillers par tasse constituent le bon dosage. Il s’agit de grandes tasses, en faïence de Salins, de forme un peu irrégulière. Gérard opte pour quatre cuillers, donc pour deux bonnes tasses, on est en période de labour. Phase numéro deux : semer. Cela se pratique au moyen de la grande grille de mots fléchés présente chaque semaine à la fin du programme télé. Il est fort possible que des mots dénichés au hasard de la grille lèvent des pousses de poèmes. Gérard est un homme-poème. Depuis qu’il se trouve à la retraite, il n’a quasiment plus besoin d’engrais, les mots poussent tout seuls. Phase ultime : récolter. Il suffit d’un ordinateur en état de fonctionnement, d’un clavier et d’un logiciel de traitement de texte.
Il pourrait écrire. Il est seul. Tranquille. Il s’installe devant l’ordi. Ouvre une page blanche. Place ses doigts en suspension au-dessus du clavier. Rien n’advient. Il ne peut pas. L’absence imprévue de Natalie est insupportable et annihile toute tentative de diversion. Elle n’est pas là. Peut-être me fait-elle trembler exprès. Peut-être estime-t-elle que je dois expier encore. On construit sur du sable. Il suffit d’un banal mensonge, d’une omission par maladresse, et voilà les fondations compromises. On ne devrait pas être maladroit. Gérard dégaine à nouveau son téléphone mobile. Active la rubrique des contacts. Recherche N pour Natalie. Appuie sur la touche qui permet de composer automatiquement le numéro. Porte l’appareil à son oreille gauche. La sonnerie retentit dans le vide des réseaux, sans effet. Il tente un texto supplémentaire. Mon amour. Il s’enquiert de savoir si elle a un problème, un contretemps, une urgence. Je t’aime. Bizou. Il envoie le texto. Une demi-heure plus tard, pas de réponse. Il est inquiet. Dois-je appeler la police, l’hôpital, les pompiers, le président de la République ? Je dis n’importe quoi. Mais non, tout va bien, elle est juste en retard. Sauf qu’il est 23h et quelques. Près de minuit, en fait. Et justement, ding !
La mer, le vent, le soleil, le sable. Ne pas en perdre une miette. Surtout pas. Gérard admire sa femme, qui s’empare de tout. Je veux m’imprégner. Ne rien laisser perdre. Elle jouit pleinement des instants. Du pied, elle retourne les algues échouées, regrette de ne pas avoir apporté un appareil photo. Elle se baisse et empoigne une étoile de mer, qu’elle jette aussitôt au loin en prenant un air dégoûté. C’est une astérie rétaise, plaisante Gérard, l’inconditionnel joueur de mots, devenu à ses heures amateur d’anagrammes. Pour ce coup, Lucy serait fière de lui. Plus loin, Natalie ramasse un galet qu’elle a repéré parmi les éclats d’huîtres et les algues rouges. Un caillou rond et rugueux, de la taille d’un oeuf, mais plat, idéal pour jouer aux ricochets. Elle le tend à Gérard. Garde-le toujours sur toi, ce sera ton talisman. Ainsi, dans les moments de découragement, tu penseras à moi. Il reçoit ce présent avec gravité. Il en devine la valeur. Se rend-elle compte qu’au fond de lui, il est bouleversé ? Il ne faut pas prendre pour argent comptant son apparente impassibilité. Il est bouleversé, oui. Et il refuse d’envisager l’éventualité qu’un jour elle ne soit plus là. Qu’elle devienne l’absente et qu’il doive se contenter de penser à elle. Que vaudrait une vie sans elle, sans le bonheur simple de la côtoyer ? Il voudrait l’impossible. Qu’elle continue de rire, encore et encore. Toujours.
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Informations

3e Prix de la ville de Figeac 2018
Photo en couverture © Shutterstock
Coll.
Regards, 2017 • Format 12×19 cm • 178 pages
Version imprimée 979-10-93552-55-2 • 12 euros
Version numérique 979-10-93552-63-7 • 4.99 euros

À propos de l'auteur

Philippe Godet

Originaire de la région parisienne et après un bref passage dans le Jura, région de ses racines, Philippe Godet vit actuellement près de Poitiers. Retraité

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