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Vous êtes ici : Accueil / Livres / Le squelette givré qui attisait les braises

Photo en couverture © Renee Reeder BFA / Shutterstock
Coll. Traces
, 2024 • Format 12×19 cm • 400 pages
Version imprimée 9782378700409 • 18 €
Version numérique 9782378700416 • 8.99 €

Le squelette givré qui attisait les braises

Sandrine Canaux

Ce livre est le journal de retrouvailles invraisemblables intervenues après quarante-cinq ans d’une amnésie profonde. Des retrouvailles avec l’objet perdu de l’amour mais aussi des retrouvailles avec soi-même. Des retrouvailles imposant le renoncement à une identité factice en même temps qu’une réconciliation avec le responsable de traumatismes jusqu’alors ignorés, pour ne pas dire sciemment dissimulés. Il est né du désir d’écrire pour parler de ce qui n’a jamais été dit, pour donner et dire l’amour qui seul guérit nos blessures les plus profondes, et peut-être aussi pour encourager ceux qui le liront à entamer leur propre quête.

#lesquelettegivréquiattisaitlesbraises

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Ce que les lecteur en disent...

Du début à la fin ce récit est admirable d’authenticité, d’ouverture de cœur, sans jugement, juste dans une quête de (re)connaissance.

Je recommande vivement ce livre à tous ceux qui se posent des questions identitaires, s'interrogent sur leur constellation familiale, souffrent d'un syndrome d'imposture ou curieux des altérations de personnalité profondes qui s'opèrent lorsqu'on force sa nature pour se conformer.

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Retrouvez d’autres avis des lecteurs sur Babelio.fr.

Extraits

J’ai détesté être fille unique, unique dans ma blondeur qui contrastait avec la peau brune de mes deux parents, unique dans la contrainte de devoir supporter seule le couple invivable qu’ils formaient. J’ai détesté que l’on m’explique ne pas avoir eu de petit frère ou de petite soeur parce que j’avais, se souvient- on, opposé un « non » retentissant à l’évocation de cette possibilité. J’ai détesté qu’au plus fort des conflits parentaux, l’on m’ait fait porter la responsabilité de leur décision de ne pas avoir divorcé, moi qui ne suis arrivée qu’après seize ans d’un mariage qui ne m’avait pas attendue pour devenir chaotique. J’ai détesté le trio que nous avons formé, la tragi- comédie permanente entretenue par un père blessé et colérique aux involontaires talents de tragédien, et une mère lumineuse et paradoxalement profondément mélancolique ; j’ai détesté l’enfermement dans la solitude pour échapper à la violence des mots, à celle des non-dits et des silences, et aux atmosphères si souvent plombées. J’ai détesté notre incommunicabilité, les projets de mon père pour ma personne et son jugement permanent, l’angoisse perpétuelle de ma mère, son impatience. J’ai détesté leur incompréhension de la personne que j’étais, leur incapacité à me regarder autrement qu’à travers le miroir déformant de leur propre histoire.
Très vite ils lui ont coupé les cheveux. Sa longue chevelure blonde aux reflets vénitiens faisait trop « Comtesse de Ségur » à leur goût. Ce jour-là, dans la cuisine, elle a serré les dents sans rien dire, terrifiée à la vue de ses boucles d’or répandues par terre tout autour d’elle. Désormais, elle doit porter de nouveaux vêtements aux couleurs sévères et dont les tissus la grattent furieusement. À table, les injonctions fusent : « Tiens-toi droite ! » répète inlassablement celle qui se prend pour sa mère. « Ne parle pas la bouche pleine ! » La femme est toujours tendue, vite impatiente, ses gestes sont maladroits et surprennent souvent la petite par leur brusquerie. L’homme a la mine sévère, sa voix porte loin et résonne longtemps dans la grande maison triste. Les consignes s’amoncellent comme autant d’interdits de vivre. « Ne parle pas si fort, dépêche-toi, tais-toi, fais ci, ne fais pas ça ! » Depuis sa fugue avortée, la petite a compris que la fuite est malheureusement impossible. Sa frustration est d’autant plus forte qu’elle n’est pas non plus de taille à s’opposer à toutes les contraintes qui lui sont imposées. Il lui faut changer de stratégie. Elle sent confusément que la seule liberté qui lui reste, c’est de ne pas les aimer. Ils ne peuvent pas l’obliger à les aimer ! Alors elle use et abuse de cet avantage qu’elle croit décisif et elle le revendique haut et fort. « Moi, j’aime pas maman », décrète-t-elle régulièrement avec un dégoût manifeste. Et quand les câlins sont de mise, elle reste de marbre, glaciale, grinçant des dents quand l’un ou l’autre tente de l’embrasser. En particulier, elle ne supporte pas ses élans désespérés à elle, toujours à moitié suppliante. Son comportement devient vite un problème pour lui, qui n’a pas l’habitude qu’on lui résiste. « Décidément, tu n’as pas fini de nous em… ! » Elle les entend chuchoter la nuit. L’un envisage très sérieusement de la renvoyer d’où elle vient, comme un objet défectueux ou un produit qui ne correspondrait pas à la commande, l’autre s’y refuse tant elle a besoin d’un enfant pour panser ses plaies. Ils sont exaspérés, démunis.
Nous sommes le 17 octobre 2008, il est près de quinze heures quand le train entre en gare et je sors péniblement de l’état second si confortable dans lequel je m’étais enfoncée. À travers la vitre, ce n’est pas Nadine que je reconnais en premier, mais Claude, son mari. Difficile de le rater, il fait un bon mètre quatrevingt- dix, il pèse son poids et arbore de magnifiques bacchantes. Elle à côté, du haut de son mètre cinquante, paraît minuscule. Il est souriant, naturel et spontané, il m’embrasse comme du bon pain. Avec elle, ce sera juste une timide étreinte appuyée d’un sourire de bienvenue ; la voix est un peu cassante, mais le geste doux, délicat. Nous embarquons dans leur voiture, une très vieille Mercedes visiblement entretenue avec soin. La Mercedes me surprend. Claude et Jean-Christophe s’installent à l’avant, elle et moi sur la banquette arrière. C’est lui qui tient le crachoir, il parle de tout et de rien avec chaleur et drôlerie. Il a l’air d’un bon vivant généreux et accueillant. Cela me rassure. Elle le rabroue quand il parle trop fort et le contredit régulièrement avec âpreté. Quelques mots sont échangés pour savoir si nous avons fait un bon voyage, si cela ne nous a pas paru trop long. Pas vraiment une conversation, juste des banalités qui nous permettent de gagner encore un peu de temps. Moi, je suis en apnée. Quand elle glisse très doucement sa main sur la mienne, je me raidis, tendue comme un arc, sans retirer ma main pour autant mais sans oser non plus répondre à son geste ni la regarder. La douceur de sa peau me trouble.
J’ai détesté être fille unique, unique dans ma blondeur qui contrastait avec la peau brune de mes deux parents, unique dans la contrainte de devoir supporter seule le couple invivable qu’ils formaient. J’ai détesté que l’on m’explique ne pas avoir eu de petit frère ou de petite soeur parce que j’avais, se souvient- on, opposé un « non » retentissant à l’évocation de cette possibilité. J’ai détesté qu’au plus fort des conflits parentaux, l’on m’ait fait porter la responsabilité de leur décision de ne pas avoir divorcé, moi qui ne suis arrivée qu’après seize ans d’un mariage qui ne m’avait pas attendue pour devenir chaotique. J’ai détesté le trio que nous avons formé, la tragi- comédie permanente entretenue par un père blessé et colérique aux involontaires talents de tragédien, et une mère lumineuse et paradoxalement profondément mélancolique ; j’ai détesté l’enfermement dans la solitude pour échapper à la violence des mots, à celle des non-dits et des silences, et aux atmosphères si souvent plombées. J’ai détesté notre incommunicabilité, les projets de mon père pour ma personne et son jugement permanent, l’angoisse perpétuelle de ma mère, son impatience. J’ai détesté leur incompréhension de la personne que j’étais, leur incapacité à me regarder autrement qu’à travers le miroir déformant de leur propre histoire.
Très vite ils lui ont coupé les cheveux. Sa longue chevelure blonde aux reflets vénitiens faisait trop « Comtesse de Ségur » à leur goût. Ce jour-là, dans la cuisine, elle a serré les dents sans rien dire, terrifiée à la vue de ses boucles d’or répandues par terre tout autour d’elle. Désormais, elle doit porter de nouveaux vêtements aux couleurs sévères et dont les tissus la grattent furieusement. À table, les injonctions fusent : « Tiens-toi droite ! » répète inlassablement celle qui se prend pour sa mère. « Ne parle pas la bouche pleine ! » La femme est toujours tendue, vite impatiente, ses gestes sont maladroits et surprennent souvent la petite par leur brusquerie. L’homme a la mine sévère, sa voix porte loin et résonne longtemps dans la grande maison triste. Les consignes s’amoncellent comme autant d’interdits de vivre. « Ne parle pas si fort, dépêche-toi, tais-toi, fais ci, ne fais pas ça ! » Depuis sa fugue avortée, la petite a compris que la fuite est malheureusement impossible. Sa frustration est d’autant plus forte qu’elle n’est pas non plus de taille à s’opposer à toutes les contraintes qui lui sont imposées. Il lui faut changer de stratégie. Elle sent confusément que la seule liberté qui lui reste, c’est de ne pas les aimer. Ils ne peuvent pas l’obliger à les aimer ! Alors elle use et abuse de cet avantage qu’elle croit décisif et elle le revendique haut et fort. « Moi, j’aime pas maman », décrète-t-elle régulièrement avec un dégoût manifeste. Et quand les câlins sont de mise, elle reste de marbre, glaciale, grinçant des dents quand l’un ou l’autre tente de l’embrasser. En particulier, elle ne supporte pas ses élans désespérés à elle, toujours à moitié suppliante. Son comportement devient vite un problème pour lui, qui n’a pas l’habitude qu’on lui résiste. « Décidément, tu n’as pas fini de nous em… ! » Elle les entend chuchoter la nuit. L’un envisage très sérieusement de la renvoyer d’où elle vient, comme un objet défectueux ou un produit qui ne correspondrait pas à la commande, l’autre s’y refuse tant elle a besoin d’un enfant pour panser ses plaies. Ils sont exaspérés, démunis.
Nous sommes le 17 octobre 2008, il est près de quinze heures quand le train entre en gare et je sors péniblement de l’état second si confortable dans lequel je m’étais enfoncée. À travers la vitre, ce n’est pas Nadine que je reconnais en premier, mais Claude, son mari. Difficile de le rater, il fait un bon mètre quatrevingt- dix, il pèse son poids et arbore de magnifiques bacchantes. Elle à côté, du haut de son mètre cinquante, paraît minuscule. Il est souriant, naturel et spontané, il m’embrasse comme du bon pain. Avec elle, ce sera juste une timide étreinte appuyée d’un sourire de bienvenue ; la voix est un peu cassante, mais le geste doux, délicat. Nous embarquons dans leur voiture, une très vieille Mercedes visiblement entretenue avec soin. La Mercedes me surprend. Claude et Jean-Christophe s’installent à l’avant, elle et moi sur la banquette arrière. C’est lui qui tient le crachoir, il parle de tout et de rien avec chaleur et drôlerie. Il a l’air d’un bon vivant généreux et accueillant. Cela me rassure. Elle le rabroue quand il parle trop fort et le contredit régulièrement avec âpreté. Quelques mots sont échangés pour savoir si nous avons fait un bon voyage, si cela ne nous a pas paru trop long. Pas vraiment une conversation, juste des banalités qui nous permettent de gagner encore un peu de temps. Moi, je suis en apnée. Quand elle glisse très doucement sa main sur la mienne, je me raidis, tendue comme un arc, sans retirer ma main pour autant mais sans oser non plus répondre à son geste ni la regarder. La douceur de sa peau me trouble.
J’ai détesté être fille unique, unique dans ma blondeur qui contrastait avec la peau brune de mes deux parents, unique dans la contrainte de devoir supporter seule le couple invivable qu’ils formaient. J’ai détesté que l’on m’explique ne pas avoir eu de petit frère ou de petite soeur parce que j’avais, se souvient- on, opposé un « non » retentissant à l’évocation de cette possibilité. J’ai détesté qu’au plus fort des conflits parentaux, l’on m’ait fait porter la responsabilité de leur décision de ne pas avoir divorcé, moi qui ne suis arrivée qu’après seize ans d’un mariage qui ne m’avait pas attendue pour devenir chaotique. J’ai détesté le trio que nous avons formé, la tragi- comédie permanente entretenue par un père blessé et colérique aux involontaires talents de tragédien, et une mère lumineuse et paradoxalement profondément mélancolique ; j’ai détesté l’enfermement dans la solitude pour échapper à la violence des mots, à celle des non-dits et des silences, et aux atmosphères si souvent plombées. J’ai détesté notre incommunicabilité, les projets de mon père pour ma personne et son jugement permanent, l’angoisse perpétuelle de ma mère, son impatience. J’ai détesté leur incompréhension de la personne que j’étais, leur incapacité à me regarder autrement qu’à travers le miroir déformant de leur propre histoire.
Très vite ils lui ont coupé les cheveux. Sa longue chevelure blonde aux reflets vénitiens faisait trop « Comtesse de Ségur » à leur goût. Ce jour-là, dans la cuisine, elle a serré les dents sans rien dire, terrifiée à la vue de ses boucles d’or répandues par terre tout autour d’elle. Désormais, elle doit porter de nouveaux vêtements aux couleurs sévères et dont les tissus la grattent furieusement. À table, les injonctions fusent : « Tiens-toi droite ! » répète inlassablement celle qui se prend pour sa mère. « Ne parle pas la bouche pleine ! » La femme est toujours tendue, vite impatiente, ses gestes sont maladroits et surprennent souvent la petite par leur brusquerie. L’homme a la mine sévère, sa voix porte loin et résonne longtemps dans la grande maison triste. Les consignes s’amoncellent comme autant d’interdits de vivre. « Ne parle pas si fort, dépêche-toi, tais-toi, fais ci, ne fais pas ça ! » Depuis sa fugue avortée, la petite a compris que la fuite est malheureusement impossible. Sa frustration est d’autant plus forte qu’elle n’est pas non plus de taille à s’opposer à toutes les contraintes qui lui sont imposées. Il lui faut changer de stratégie. Elle sent confusément que la seule liberté qui lui reste, c’est de ne pas les aimer. Ils ne peuvent pas l’obliger à les aimer ! Alors elle use et abuse de cet avantage qu’elle croit décisif et elle le revendique haut et fort. « Moi, j’aime pas maman », décrète-t-elle régulièrement avec un dégoût manifeste. Et quand les câlins sont de mise, elle reste de marbre, glaciale, grinçant des dents quand l’un ou l’autre tente de l’embrasser. En particulier, elle ne supporte pas ses élans désespérés à elle, toujours à moitié suppliante. Son comportement devient vite un problème pour lui, qui n’a pas l’habitude qu’on lui résiste. « Décidément, tu n’as pas fini de nous em… ! » Elle les entend chuchoter la nuit. L’un envisage très sérieusement de la renvoyer d’où elle vient, comme un objet défectueux ou un produit qui ne correspondrait pas à la commande, l’autre s’y refuse tant elle a besoin d’un enfant pour panser ses plaies. Ils sont exaspérés, démunis.
Nous sommes le 17 octobre 2008, il est près de quinze heures quand le train entre en gare et je sors péniblement de l’état second si confortable dans lequel je m’étais enfoncée. À travers la vitre, ce n’est pas Nadine que je reconnais en premier, mais Claude, son mari. Difficile de le rater, il fait un bon mètre quatrevingt- dix, il pèse son poids et arbore de magnifiques bacchantes. Elle à côté, du haut de son mètre cinquante, paraît minuscule. Il est souriant, naturel et spontané, il m’embrasse comme du bon pain. Avec elle, ce sera juste une timide étreinte appuyée d’un sourire de bienvenue ; la voix est un peu cassante, mais le geste doux, délicat. Nous embarquons dans leur voiture, une très vieille Mercedes visiblement entretenue avec soin. La Mercedes me surprend. Claude et Jean-Christophe s’installent à l’avant, elle et moi sur la banquette arrière. C’est lui qui tient le crachoir, il parle de tout et de rien avec chaleur et drôlerie. Il a l’air d’un bon vivant généreux et accueillant. Cela me rassure. Elle le rabroue quand il parle trop fort et le contredit régulièrement avec âpreté. Quelques mots sont échangés pour savoir si nous avons fait un bon voyage, si cela ne nous a pas paru trop long. Pas vraiment une conversation, juste des banalités qui nous permettent de gagner encore un peu de temps. Moi, je suis en apnée. Quand elle glisse très doucement sa main sur la mienne, je me raidis, tendue comme un arc, sans retirer ma main pour autant mais sans oser non plus répondre à son geste ni la regarder. La douceur de sa peau me trouble.
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À propos de l'auteur

Sandrine Canaux

Sandrine Canaux a vécu son enfance et son adolescence à l’étranger. De cette période, elle a gardé le goût des

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